Tans pis, je me décide à annuler mon rendez-vous chez le médecin; j’ai un rendez-vous plus important à 13h, direction le Pont des Arts.
Bientôt midi, je suis déjà dans le RER, je descends à la station Musée d’Orsay.
Arrivée, j’emprunte la passerelle Solférino qui enjambe la Seine pour y attraper un bus. Je ne le prends finalement pas car il y a trop de circulation et je ne suis pas en retard.
J’ai le temps de longer la Seine à pied et de passer les deux ponts qui précèdent le Pont des Arts : le Pont Royal et le Pont du Carrousel. J'avance quai du Louvre et j’aperçois déjà les ballons rouges accrochés le long de la rambarde du pont des Arts.
La fin de matinée est encore un peu fraîche et le ciel gris et bas donne une atmosphère apaisante le long de mon chemin. Les bouquinistes ont ouvert leur boutiques, j’ai le temps d’y jeter un œil.
J’aime cet endroit.
Sur ma gauche, j’aperçois la cour Carrée du Louvre qui m'indique que je suis dans l’axe de la passerelle des Arts.
J'emprunte les quelques marches qui m'amènent sur le pont des Arts.
Les gens commencent à arriver; certains écrivent des mots sur un carton qu’on leur tend et qu’ils placent par terre sur le pont.
J’aime marcher sur ce pont en bois, bordé le long de son parapet des nombreux cadenas accrochés et verrouillés par les amoureux lançant la clef dans la Seine.
J’aperçois à ma droite le Grand Palais avec sa magnifique verrière, à ma gauche Notre Dame, et en face l’Institut de France.
Au milieu du pont, quelques bancs où en s’asseyant on peut admirer le panorama aussi bien en amont qu’en aval. De cet endroit, face à Notre Dame, on peut voir au premier plan le square du Vert Galant, puis le célèbre Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris.
On a une vue majestueuse sur l’Ile de la Cité.
Cette fois-ci j’y retrouve mon Tonton, accompagné par ma sœur Michèle. Il est assis sur un banc, ses mains sont posées sur sa canne qu’il tient entre ses jambes; il a gardé ses grosses lunettes pour mieux voir, et je remarque qu'il a mis une cravate noire. Un mot sur une feuille de papier blanc où est écrit : merci Danielle, se trouve au bout du banc, il est entouré de ballons rouges et regarde la Seine.
Lui aussi rentre en Résistance en même temps que Danielle durant la dernière guerre.
Il la reçoit à la Salpêtrière, dans le cadre de son travail, participant à plusieurs de ses actions : pour son combat pour le peuple arménien, et sa lutte contre la lèpre.
C’est pour cela qu’il tenait à être présent pour ce dernier hommage à Danielle Mitterrand.
Je retourne de l’autre côté du pont, voyant des attroupements se former autour des photographes; les personnalités commencent à arriver. J'arrive à me faufiler au milieu des photographes pour également faire des photos.
Tout le monde est là où presque : Laurent Fabius, Jean-Luc Mélenchon, Jean-Marc Ayrault, Bertrand Delanoë, Harlem Désir, Pierre Bergé, Martine Aubry, Dominique Voynet, Cécile Duflot, Jack Lang, Anne Hidalgo, Stéphane Hessel...
Ici c’est bon enfant, pas de sécurité, pas de barrières, tout le monde se congratule en marchant, en se laissant photographier; certains signent des registres.
Jean Luc Mélenchon s’est assis sur un banc près d’une amie de Danielle et y restera jusqu'à la fin de la cérémonie; il dit qu'il l'a protège, lui tenant la main, il ne l’a quittera pas.
Le maire de Paris vient le saluer, parle et même rit avec lui et lui dit avant de partir en lui tapant sur l'épaule: "surtout n'oublie pas de me téléphoner".
Il y a beaucoup de monde autour de Stéphane Hessel qui répond aux interviews; je prends plaisir à l'écouter.
Au milieu du pont, un discours est tenu par un responsable de la Fondation France Libertés, je pense, avant le lâcher de ballons.
Je retrouve ma sœur et je lui demande dans quel sens sont partis les ballons, car je ne les vois pas sur la Seine.
Elle me dit en levant la tête, "par là", donc vers le sommet de Notre Dame.
J'avais oublié qu'un ballon gonflé à l'hélium s'envole...
Dommage, j’ai zappé la photo du lâcher de ballons.