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Vendredi 1er septembre, 11h
Ce matin je me lève plus tôt que d'habitude, malgré mon départ en vacances le lendemain, je ne veux pas manquer la cérémonie d'hommage à Mireille Darc; cette actrice que j'ai connue dans les années 60-70 et que j'ai appréciée dans beaucoup de films. Peut-être le plus mythique: "Le grand blond avec une chaussure noire", avec le passage de la célèbre "robe noire" portée par l'actrice, très échancrée dans le dos, qui laissait apparaitre une chute de rein vertigineuse. Ca avait fait beaucoup parlé..
Il s'agit aujourd'hui d'un hommage public, comme l'a précisé son mari, Pascal Desprez. Je veux absolument pouvoir assister à la cérémonie, même si je sais qu'il y aura beaucoup de monde sur le parvis de l'église Saint-Sulpice, endroit que je connais très bien, tout près du Jardin du Luxembourg.
Il est 10h30 passé quand je descends du bus rue de Rennes. Je presse le pas, l'église n'est pas loin. Je vois déjà beaucoup de personnes tout autour des barrières dressées sur le grand parvis. Sur la gauche derrière se trouvent tous les photographes. Je vais donc me diriger sur la droite pour essayer de rentrer. Les vigiles pour le moment ne font pas entrer le public; c'est la cohue. Je ne reste pas là, je préfère voir plus loin sur le côté droit de l'église, je vois un passage ouvert et des gens qui passent devant un agent de sécurité, je passe moi aussi sans problème.
Me voici face à l'église, je n'ai plus qu'à monter les quelques marches pour enfin arriver à l'intérieur. Impressionnant tous ces bouquets de fleurs blanches déposés tout autour de l'autel; plusieurs sont en forme de coeur, c'est émouvant.
Je remonte l'allée pour me placer du côté droit de l'autel; trois micros y sont posés; je verrai mieux les personnes qui viendront parler de ce côté. Je vois une amie qui me rejoint.
L'église se remplit, beaucoup de personnalités sont présentes. J'aperçois au premier rang Alain Delon, une rose blanche à la boutonnière, près de lui Carla Bruni. De l'autre côté du rang, Pascal Desprez, le mari de Mireille Darc. Arriveront en dernier Johnny Hallyday et Laetitia, ils seront placés aussi au premier rang.
J'assiste à une messe émouvante qui va durer plus d'une heure.
Phillipe Labro, écrivain journaliste a écrit une lettre poignante qu'il nous a lu. Je cite un passage qui m'a touchée :
"Le peintre Claude Monet disait : "De ma vie, je n'ai jamais rien vu qui fût laid". Nous pouvons toutes et tous dire : "De Mireille, je n'ai jamais rien connu, vu, lu, entendu, qui fût laid, mesquin ou médiocre. Parce qu'il y avait, il y a : cette étrange limpidité, cette douceur dans la voix, une voix qui semblait apaiser, réconforter, calmer. C'était une voix bienveillante, au timbre un peu cassé, au rythme un peu lent, qui envoyait chaleur et lumière. Il y avait ce sourire, étincelant et généreux qu'elle dispensait sans cesse à l'égard des autres, tous les autres, toutes les autres, ce don presque oriental de la relativité, la précarité, et, par conséquent, une faim absolue de vie, de joie, de bonheur, de partage. Je suis restée, a-t-elle écrit dans un de ses poèmes, l'enfant intransigeante, entêtée sur l'essentiel de la vie".
L'essentiel de la vie de Mireille, dit Philippe Labro c'est : "Accorder aux gens, aux choses et au temps l'importance qu'ils méritent, ce qui vous rend meilleur. Partir d'une éducation modeste pour se parfaire en connaissances, découvertes, surprises, sans jamais afficher son érudition ni sa culture, mais avec liberté de choix et d'action. L'essentiel : entre tendresse et indifférence, aller à la tendresse. Entre égotisme et générosité, aller à la générosité, la main tendue, pour relier, par exemple, les médaillons des chaînes de l'espoir. L'essentiel : Choisir la beauté comme un refuge."
Je ne veux retenir de cette cérémonie que les belles choses qui m'ont émues, comme "Le Prélude de Bach suite n° 6, joué par le violoncelliste Dimitri Maslennikov. Les notes claires et cristallines de ce morceau sublime que jouent à merveille ce musicien m'ont fait verser des larmes.
Ainsi que cette phrase tirée de l'homélie lue par Monseigneur Di Falco :
"Telle une étoile filante, Mireille Darc a traversé temps en laissant des parcelles de rêve et d'amour."
Mireille Darc a été inhumée au cimetière du Montparnasse.