Ce matin, 24 novembre 2011:
Je viens d’apprendre par la radio qu’un hommage à Danielle Mitterand sera rendu sur le Pont des Arts à 13h. J’ai un rendez-vous chez le médecin dans l’après-midi mais je me décide à l’annuler pour cet hommage qui parait, à mes yeux, plus important.
Il est bientôt midi, je suis déjà dans le RER, je descendrai à la station Musée d’Orsay.
Arrivée, j’emprunte la passerelle Solférino qui enjambe la Seine. Je pourrais prendre un bus mais trop de circulation et je ne suis pas en retard. J’ai le temps de longer la Seine à pied et de passer les deux ponts qui précèdent le pont des Arts : le pont Royal et le pont du Carrousel. Je me trouve quai du Louvre et j’aperçois déjà les ballons rouges accrochés le long de la rambarde du pont des Arts.
La fin de matinée est encore un peu fraîche et le ciel gris et bas donne une atmosphère apaisante le long de mon chemin, les bouquinistes ont ouvert leurs boutiques, j’ai le temps d’y jeter un œil. J’aime cet endroit.
Sur ma gauche, j’aperçois la cour Carrée du Louvre qui m'indique que je suis dans l’axe de la passerelle des Arts. J'emprunte les quelques marches qui m'amènent sur le pont des Arts.
Les gens commencent à arriver, certains écrivent des mots sur un carton qu’on leur tend et qu’ils placeront par terre sur le pont.
J’aime marcher sur ce pont en bois, où sont accrochés des centaines de cadenas verrouillés par les amoureux qui lancent la clef dans la Seine.
J’aperçois à ma droite le Grand Palais avec sa magnifique verrière, à ma gauche Notre Dame et en face l’Institut de France.
Au milieu du pont, quelques bancs où en s’asseyant on peut y admirer le panorama aussi bien en amont qu’en aval. De cet endroit, face à Notre Dame, on peut observer au premier plan le square du Vert Galant, puis le célèbre Pont Neuf (le plus vieux pont de Paris) qui donne une vue majestueuse sur l’Ile de la Cité.
Cette fois-ci j’y retrouve mon Tonton, accompagné par ma sœur Michèle. Il est assis sur un banc, ses mains sont posées sur sa canne qu’il tient entre ses jambes; il a gardé ses grosses lunettes pour mieux voir, et je remarque qu'il a mis une cravate noire. Il est entouré de ballons rouges et regarde la Seine. A l'extrémité du banc, on peut voir écrit "Merci Danielle" sur une feuille de papier blanc.
Lui aussi est rentré en Résistance en même temps que Danielle durant la dernière guerre.
Il l'a reçue à la Salpêtrière, dans le cadre de son travail, participant à plusieurs de ses actions : pour son combat pour le peuple arménien et sa lutte contre la lèpre.
C’est pour cela qu’il tenait à être présent pour ce dernier hommage à Danielle Mitterand.
Je retourne de l’autre côté du pont, voyant des attroupements et des photographes; les personnalités commencent à arriver. J'arrive à me faufiler parmi les reporters pour moi aussi faire des photos.
Ils sont tous là où presque : Lang, Fabius, Mélenchon, Ayrault, Delanoë, Désir, Berger, Aubry, Voynet, Duflot... et Stéphane Hessel, l'auteur du manifeste "Indignez-vous!".
Ici c’est bon enfant, pas de sécurité, pas de barrières, tout le monde se salue en marchant et en se laissant photographier; certains signent des registres.
Mélenchon s’est assis sur un banc près d’une amie de Danielle et y restera jusqu'à la fin de la cérémonie. En lui tenant la main, il dit qu'il la protège, qu'il ne la quittera pas, comme si leur lien s'était intensifié en repensant à Danielle.
Le Maire de Paris vient le saluer. Ils parlent et ils rient même ensemble. Delanoë lui dit avant de partir en lui tapant sur l'épaule : « Surtout n'oublie pas de me téléphoner ».
Beaucoup de monde autour de Stéphane Hessel qui répond aux interviews; je prends plaisir à l'écouter. Au milieu du pont, un discours est tenu par un responsable de la Fondation créée par Danielle, "France Libertés", avant le lâcher de ballons.
Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé que je ne verrai pas les ballons tomber car j’étais dans la foule et je n’arrivais pas à atteindre le parapet pour voir les ballons rouges dans la Seine.
Je retrouve ma sœur et je lui demande dans quel sens sont partis les ballons.
Elle ne voit pas que je regarde toujours le courant de la Seine. Elle me dit en levant la tête : par là. Donc vers le haut, vers Notre Dame.
J'ai simplement oublié qu’un ballon gonflé à l'hélium s’envole...
Dommage, j’ai zappé la photo du lâcher de ballons.
