Mardi 6 janvier, 10h30
J'arrive juste 15 minutes avant la cérémonie, je ne m'attarde pas pour faire des photos, je monte directement les marches de l'église car je ne veux surtout pas rater cet hommage de ce grand homme de media.
Je sais que la cérémonie va être émouvante, belle, intéressante, et musicale.
Grand moment d'émotion lorsque l'on entend les prermière notes de musique du générique de "Radioscopie" durant l'arrivée du cerceuil que l'on ne voit presque pas car recouvert d'une énorme gerbe de fleurs blanches.
Une messe est dite, ainsi que de nombreuses prises de paroles.
C'est ce qui m'intéresse, entendre parler de la vie de la personne défunte.
(Pour moi, Jacques Chancel, c'est "Le Grand Echiquier", que je n'oubliais jamais de regarder, et aussi "Ligne de Mire".)
D'abord c'est le prêtre lui-même qui évoque la vie de Jacques Chancel: Quelqu'un de bien, né dans les Hautes-Pyrénées, qui y fait ses études et qui rêve d'aller en Indochine y rejoindre son oncle. Il ira jusqu'à falsifier sa carte d'identité, en se vieillissant de 3 ans, pour pouvoir rentrer dans l'école des transmissions de Montargis et partir pour l'Indochine. Il sera correspondant de guerre durant près de 4 ans à la radio de Saigon.
J'apprends qu'il a échappé à un grave accident en Indochine. Un jour, la jeep dans laquelle il se trouvait avec d'autres officiers a sauté sur une mine. Tout le monde à trouvé la mort sauf lui. Il était dans le coma et il est resté aveugle durant plusieurs mois.
C'est durant sa convalescence qu'il écrit le roman autobiographique "La nuit attendra".
D'autres amis proches viendront parler de Jacques, comme Francis Huster et Xavier Darcos.
Ils parleront de l'homme de media: sur France Inter quand il animait l'émission quotidienne "Radiscopie" durant près de 22 ans; à la télévision, "Le Grand Echiquier" durant plus de 17 ans.
Francis Huster lira le poème de Guillaume Apollinaire "Le pont Mirabeau".
"Sous le pont Mirabeau, coule la Seine / et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne / la joie venait toujours après la peine / vienne la nuit sonne l'heure / les jours s'en vont je demeure".
Natalie Dessay entonne "Vocalise de Sergueï Rachmaninov" du haut du balcon de l'orgue. Un moment de pure beauté. Elle était accompagnée de Renaud Capuçon au violon et de l'organiste de Saint-Germain-des-Prés, Annne-Marie Blondel.
Ensuite, Natalie Dessay interprète le Requiem de Fauré.
On entend également "la Médiation de Thaïs" de Jules Massenet, joué à l'orgue et au violon.
Encore un moment exceptionnel de musique qui s'élève dans l'église.
(Mon voisin qui a le programme m'indique tout cela) Je ne connaissais pas tout, c'est magnifique.
Une très belle cérémonie qui prend fin sur l'"Ave Maria", a capella qui résonne du balcon de l'orgue. Je me retourne pour m'imprégner de la voix magnifique de Natalie Dessay qui me donne des frissons et me fait encore couler des larmes.
Florian Zeller - dans l'église, à la fin de son hommage il dit cette phrase bouleversante : " Tu es l'homme le plus vivant que je connaisse et la mort te va si mal".
Passionné de vélo, Jacques Chancel suivra le Tour de France 35 fois. Il a présenté à la TV "A chacun son tour".
Le dernier livre de Jacques Chancel s'appelle "Pourquoi partir". Un passage de la dernière page a été lu à la messe, un extrait très émouvant:
"L'âge est venu et mon appétit redouble, je ne vois que des soleils jusque dans les jours les
plus sombres, je ne sais toujours pas d'où me vient cette résistance à l'ennui, ce bonheur de
vivre, cette irrésistible envie de rester auprès de tous les miens. Pourquoi partir en effet?"