Des parterres de fleurs
Des bougies
Des mots
Des visages
Des larmes
Et le silence.
Lundi 16 novembre
En regardant la Tour Eiffel s'illuminer en bleu, blanc, rouge, on ne devrait pas dire : "Que c'est beau" on devrait dire : "Que c'est triste".
Car il ne faut pas oublier que c'est pour un carnage que la Tour Eiffel a revêtu les couleurs du drapeau français.
On aurait dû lui faire couler des larmes.
L'entrée du Bataclan, bâché, pour moi c'est pas le Bataclan.
Cela m'a fait froid dans le dos, quand j'y suis passée le mardi d'après, pour m'y recueillir.
Toutes ces fleurs, ces bougies, ces flammes, ces objets, ces mots, ces larmes... POURQUOI.
Nos photos, nos articles n'auraient jamais dû exister.
Comment des êtres humains peuvent en arriver là, à une telle barbarie.
Pourquoi ne pas avoir vu ça arriver avant ?
Que de vies brisées et pour les familles des plaies qui resteront ouvertes à jamais.
Le Bataclan, il faudrait qu'il ouvre à nouveau, que les groupes reviennent jouer pour leurs fans, et pour tous ceux qui sont tombés sur la piste, et que la musique résonne encore plus fort.
PERLIMPIPIN - La chanson de BARBARA, qui a été reprise par la cantatrice Natalie Dessay, en hommage aux victimes, dans la cour des Invalides.
Emouvante et poignante.
"Pour qui, comment quand et pourquoi ?
Contre qui ? Comment ? Contre quoi ?
C'en est assez de vos violences.
D'où venez-vous ?
Où allez-vous ?
Qui êtes-vous ?
Qui priez-vous ?
Je vous prie de faire silence.
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
S'il faut absolument qu'on soit
Contre quelqu'un ou quelque chose,
Je suis pour le soleil couchant
En haut des collines désertes.
Je suis pour les forêts profondes,
Car un enfant qui pleure,
Qu'il soit de n'importe où,
Est un enfant qui pleure,
Car un enfant qui meurt
Au bout de vos fusils
Est un enfant qui meurt.
Que c'est abominable d'avoir à choisir
Entre deux innocences !
Que c'est abominable d'avoir pour ennemis
Les rires de l'enfance !
Pour qui, comment, quand et combien ?
Contre qui ? Comment et combien ?
À en perdre le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Et celui du Perlimpinpin dans le square des Batignolles
Et pour rien, mais pour presque rien,
Pour être avec vous et c'est bien !
Et pour une rose entr'ouverte,
Et pour une respiration,
Mais pour un souffle d'abandon,
Et pour ce jardin qui frissonne !
Rien avoir, mais passionnément,
Ne rien se dire éperdument,
Mais ne rien savoir avec ivresse
Et riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne pas parler de poésie,
En écrasant les fleurs sauvages
Et voir jouer la transparence
Au fond d'une cour au murs gris
Où l'aube n'a jamais sa chance.
Contre qui,ou bien comment, contre quoi ?
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
Pour retrouver le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Et celui du Perlimpinpin
Dans le square des Batignolles.
Contre personne et contre rien,
Et pour une rose entr'ouverte,
Mais pour une respiration,
Mais pour un souffle d'abandon
Et pour ce jardin qui frissonne !
Et vivre passionnément,
Et combattre seulement
Qu'avec les feux de la tendresse
Et, riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne plus parler de poésie,
Laisser vivre les fleurs sauvages
Faire jouer la transparence
Au fond d'une cour aux murs gris
Où l'aube aurait enfin sa chance,
Vivre, vivre passionnément
Et ne se battre seulement
Qu'avec les feux de la tendresse
Et, riche de dépossession
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses
Rien que la tendresse,
Pour toutes richesses
Aimer, Aimer avec ivresse".