Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Francine: Le blog Paris et People

Dernier Hommage à Stéphane HESSEL (07/03/2013)

Publié le 29 Avril 2013 par Francine Spitz

Stéphane Hessel, (photo que j'avais prise sur le pont des Arts pour la cérémonie hommage à Danielle Mitterand)

Stéphane Hessel, (photo que j'avais prise sur le pont des Arts pour la cérémonie hommage à Danielle Mitterand)

Dernier Hommage à Stéphane HESSEL (07/03/2013)

Jeudi 7 mars 2013

Hommage à Stéphane Hessel au cimetière du Montparnasse.

Trop tôt pour moi, la cérémonie aux Invalides; je vais directement au cimetière du Montparnasse. Il est 13h, je sors de la gare Montparnasse; le cimetière n’est pas loin. J’y vais à pied. Le ciel est tout bleu et le soleil brille mais il fait très froid.

J’emprunte l'allée Georges Besse, je passe devant la bouche de métro "Edgar Quinet", l'entrée principale du cimetière est proche.

Déjà beaucoup de fleurs jonchent le sol devant l’accueil. Je sais que la cérémonie aux Invalides est terminée, le cortège va bientôt arriver. En attendant j’arpente les allées.

C’est peut-être un cimetière mais il est agréable de s’y promener. Il y a beaucoup d’arbres. Tilleuls, Sophoras, Thuyas, Erables, Frênes et Conifères embaument les allées.

Dernier Hommage à Stéphane HESSEL (07/03/2013)

Maintenant je vais redescendre l’allée principale car je vois au loin beaucoup de monde ; le convoi arrive.

Je croise des personnalités.

Edwy Plenel

Edwy Plenel

Martin Hirsch

Martin Hirsch

Cécile Duflot

Cécile Duflot

José Bové

José Bové

Guy Bedos et Carole Bouquet
Guy Bedos et Carole Bouquet

Guy Bedos et Carole Bouquet

Le cortège avance. J'attends qu'il passe devant moi pour l'accompagner, puis tout en marchant je croise la tombe de Serge Gainsbourg, toujours très décorée.

La tombe de Serge Gainsbourg

La tombe de Serge Gainsbourg

Nous voià arrivés tout près du lieu où Stéphane HESSEL reposera.

Un hommage va avoir lieu.

Le maître de cérémonie passe d'abord le micro aux enfants de Stéphane HESSEL.

Sa fille prend la parole pour parler de son père. Elle raconte qu'il aimait la poésie et qu'à une époque, tous les soirs, un de ses enfants devait lui réciter un poème.

Et devant nous, elle récite le poème de Louis Aragon "Les lilas et les roses" .

J'aime ce titre, et je découvre le poème. Mais au fur et à mesure que j'écoute les paroles, je comprends que c'est un texte qui évoque l'horreur de la dernière guerre.

"Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses

Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés.

Je n'oublierai jamais les jardins de la France

Et ni les deux amours que nous avons perdus"

Puis son fils lit un poème qu'il n'a pas pu lire à son père car, plus jeune, il ne le savait pas par coeur.

Il lit le poème de Nadim Hikmet "Sur la vie":

"La vie n'est pas une plaisanterie,

Tu la prendras au sérieux

Comme le fait un écureuil, par exemple,

Sans rien attendre du dehors et d'au-delà

Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre".

Puis le benjamin de ses fils lit la fin du poème "Cortège" de Guillaume Appolinaire. Je reconnais ces vers :

"Et détournant les yeux de ce vide à venir

En moi-même je vois tout le passé grandir"...

Puis pour encore évoquer son père, il lit le début de la chanson qu'a écrit Charles Trenet, "L'âme des poètes":

"Longtemps, longtemps, longtemps,

Après que les poètes ont disparu,

Leurs chansons courent encore dans les rues."

Il ajoute que courir les rues, battre la campagne, c'est ce que fit son père, militant, franc-tireur de l'hospitalité. Son plus grand triomphe c'était lorsqu'on l'invitait juste pour dire de la poésie.

Lorsqu'il lui avait demandé à son père quel était le meilleur livre sur mai 68, il lui avait dit sans hésiter "l'Homme révolté". Il ajoute que son père aimait Albert Camus.

Son fils lui avait indiqué que ce livre était paru avant les évènements, et son père lui avait répondu : "raison de plus".

Puis un poème est diffusé dans les hauts-parleurs, un poème du père de Stéphane, Franz Hessel. En allemand je crois, mais traduit en même temps par sa fille en français. C'est "Rouge feuillage", qui évoque la guerre et les saisons qui passent. Un poème aussi que j'ai dû lire car les derniers vers me rappellent quelque chose:

"Voilà qu’automne répand ses feuilles sur mon seuil.

Comment donc as-tu su, compagnon mélancolique,

En conjuguant la peine et la splendeur,

Te donner, nous donner cette fin aux mille couleurs"

Puis au micro, un de ses petits-enfants vient parler de son grand-père. Son grand-père qu'ils appelaient tous "Fafane" mentionne t-il.

Et je suis très étonnée, il récite, par cœur, le poème d’Alfred De Vigny, « La mort du loup ». Il est très long; le jeune homme dit l’avoir appris par cœur pour épater son grand-père, et il rajoute enfin, pour frimer.

Je cite les quatre premiers vers qui me rappellent que j'avais dû aussi apprendre ce poème.

« Les nuages couraient sur la lune enflammée,

Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée

Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon

Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon"

Puis un ami de Stéphane HESSEL vient au micro et nous dit :

Je voudrais faire partager un moment récemment passé avec Stéphane. Je pense que ce petit message s’adresse à vous tous. J’étais à son chevet deux jours avant sa disparition et Stéphane me demande :

« Philippe s’il te plait, veux-tu me remettre mon oreiller. Voilà maintenant je vais bien dormir. Tu vois c’est un petit geste qui rend la vie meilleure. Mais, si tout le monde fait un petit geste vers l’autre, un petit geste tous les jours, ce sera bien. C’est le message que j’essaie de faire passer et c’est le sens que je veux donner à " Engagez-vous". Les grands discours, les forums, il en faut bien sûr pour faire prendre conscience, mais il faut un petit geste de chacun envers l’autre pour que les hommes se voient autrement. Alors ils ne penseront plus à faire la guerre ».

Ensuite Michel ROCARD prend la parole. Je retiens cette phrase : "Il restera mon plus fort souvenir de toi: ton sourire, le signe de ta joie de vivre et ton incroyable ouverture aux autres. Ton sourire c'est comme une protection contre la douleur; tu connaissais bien le malheur du monde et c'est pour t'en protéger que tu trouvais ton refuge dans la poésie".

Un instant, j'ai eu un sourire sur les lèvres, Michel ROCARD s'est trompé dans son discours. Il dit : " Diplomate, il a servi la poste (mais s'est repris en changeant) il a servi la France en poste a l'extérieur".

Puis c'est Edgar MORIN qui prend le dernier la parole pour parler de l'homme de la résistance. Et ce qui l'a frappé, c'était sa bonté, sa bienveillance, sa douceur, son ouverture; et il ajoute : "les malheureux qui ne comprennent pas que sa position de vérité pour la Palestine est dû a son humanisme, à sa compassion, à sa bonté; ceux-là errent complètement. "Indignez-vous"; dans le mot indignez il y a la revencation à la dignité, ceux qui ont manifesté, tous les indignés des diffrents pays du Magreb, d'Espagne ou d'ailleurs; c'était reconnaitre leur dignité et c'était çà le fondement de son humanisme. (la foule appladit).

S'il aimait tellement cette poésie qu'il récitait, c'est parce qu'il avait le sens de la poésie de la vie et il puisait l'énergie et la force de se révolter contre les horreurs de ce monde contre les cruautés.

Il est un exemple d'humanité si rare, merci,merci Stéphane, termine l'hommage d'Edgar MORIN à son ami.

C'était une très longue et belle cérémonie toute en poésie, tous les enfants et petits enfants ont récité des poèmes. Cet hommage m'a fait revoir des poèmes que j'avais oubliés et m'en a fait découvrir d'autres.

Le public très attentif à tout ce qui se disait applaudissait à la fin de chaque témoignage ou pendant les déclarations.

C'était en même temps très beau et très émouvant.

Il me reste le sourire de Stéphane Hessel (cette photo de Stéphane Hessel rencontrant Pierre Bergé, que j'avais prise lorsque je m'étais rendue à l'hommage à Danielle Mitterrand)
Il me reste le sourire de Stéphane Hessel (cette photo de Stéphane Hessel rencontrant Pierre Bergé, que j'avais prise lorsque je m'étais rendue à l'hommage à Danielle Mitterrand)

Il me reste le sourire de Stéphane Hessel (cette photo de Stéphane Hessel rencontrant Pierre Bergé, que j'avais prise lorsque je m'étais rendue à l'hommage à Danielle Mitterrand)

Commenter cet article