Le portrait d'Alain Resnais, chemise rouge et crinière blanche, illustré par Floc'h, domine l'entrée de l'église
Ce lundi 10 mars, le ciel est bleu et le soleil brille. Je me dirige vers l'église Saint-Vincent de Paul, toute proche de la gare du Nord.
Je dois demander mon chemin pour rejoindre l'église. Je vais la découvrir.
C'est un quartier que je fréquente très peu; mais pour ce grand réalisateur, je ne veux pas manquer cet hommage.
J'arrive Place Franz Liszt; l'église est imposante et en hauteur, construite sur la butte Saint-Lazare.
Il va falloir que je monte le grand escalier pour y accéder. Elle a deux immenses tours carrées qui encadrent la façade
Sculptures et plaques émaillées peintes jalonnent la façade. Je reste émerveillée par les sculptures du fronton au dessus du porche aux douze colonnes,12 apôtres, qui représente la glorification de Saint-Vincent
Je croise des personnalités tout en admirant ce monument de l'extérieur.
Nous, public, nous rentrerons en dernier.
Arrive le moment où le public est autorisé à rentrer dans l'église.
Je salue Pierre Arditi et André Dussolier qui sont debout à gauche de la grande entrée et qui accueillent le public.
Ils porteront le cercueil blanc avec leurs amis.
Je me place au fond de l'église et j'écoute attentivement.
Un silence pesant règne dans l'église, un moment de recueillement.
Puis se succèdent des prises de paroles de proches d'Alain Resnais entrecoupées de musique que le cinéaste appréciait.
Ensuite, les deux écrans placés de chaque côté de l'autel s'allument. Bruno Podalydès (aidé de Sabine Azéma, femme d'Alain Resnais) a fait un montage video. Il passe des photos d'Alain Resnais dans lesquelles on le voit toujours avec un livre et une caméra à la main. Pour finir, il diffuse des extraits de ses films puis des images de Laurel et Hardy, qui dansent devant son cercueil.
L'homélie s'est conclue par des remerciements : " Merci de l'avoir aimé, merci d'avoir été aimé par lui."
Belle image et grande émotion lorsque le cercueil blanc est porté par ses amis acteurs et réalisateurs, Mathieu Almaric, Pierre Arditti et André Dussolier en tête.
Maintenant me voici au cimetière du Montparnasse pour un dernier adieu au cinéaste Alain Resnais.
Une photo insolite, sur mon passage, assise sur un banc, cette femme tricote tranquillement tout en regardant passer le cortège.
Le soir même, son dernier film : "Aimer, boire et manger" sera projeté à l'UGC Normandie sur les Champs Elysées, en présence de l'équipe du film et de François Hollande, qui n'a pas pu se rendre à l'hommage ce matin.
Le film avait été primé quelques jours avant au Festival de Berlin.
Je n'oublierai pas ses oeuvres :
"Nuit et Brouillard", documentaire sur l'horreur des camps nazis. L'importance de son film qui a permis de mettre en images l'impensable.
"Hiroshima mon amour". A Hiroshima une française rencontre un japonais; ils s'aiment. Lui c'est Hiroshima, l'explosion de la bombe atomique. Elle, c'est Nevers, son premier amour, un allemand tué à la Libération, la peur des femmes tondues.
Resnais aborde les thèmes de la mémoire et de l'engagement politique.
"Providence", "Smoking/No Smoking", "Mon oncle d'Amérique", "On connait la chanson", "Les herbes folles" et bien d'autres...
Ses films sont des chefs-d'oeuvre qui ont marqué le cinéma français.