COPYRIGHT - PHOTOS FRANCINE SPITZ
Mardi 29 décembre 2020 - 11 h
J'ai dû le faire une centaine de fois à pied ce chemin ! Je sors du Rer à la station Musée d'Orsay, traverse la Seine et le jardin des Tuileries, rejoins la rive droite et la rue du Faubourg St Honoré pour arriver à l'église des artistes, l'église Saint Roch.
Je dois arriver au plus 15mn avant le début de la cérémonie afin d'atteindre mon but : entrer dans l'église.
Il fait très froid, j'ai mis un masque noir et pardessus mon passe-montagne de même couleur qui me protège bien du froid, seule la buée qui se forme sur mes lunettes noires me gêne et m'oblige parfois à baisser mon masque du nez.
J'arrive à temps, j'essaie de me frayer un chemin à travers une petite foule d'anonymes qui sont là pour prendre des photos et qui commencent à râler. pensant que je veux me mettre devant eux. Je les rassure, leur disant que je souhaite juste assister à la cérémonie. Je monte alors lentement les marches afin de pénétrer dans l'église.
Me voici dans l'église, peu de monde; je vais me placer devant sur le côté gauche de l'autel. Quelques gerbes de fleurs blanches jonchent le sol.
Les invités et personnalités arrivent. La famille est déjà présente. J'aperçois Alexandre Brasseur, comédien et fils de Claude Brasseur. En bon père, il apporte à son fils Louis une boisson qu'il cache sous son chapeau.
Il est un peu plus de 11 h quand la messe commence, le cercueil vient d'être posé devant l'autel.
C'est Alexandre Brasseur qui prend de suite la parole.
Il nous fait part d'un texte écrit à son père.
Lecture très émouvante, chaque mot étant ponctué d'un silence pesant, comme s'il jouait au théâtre.
Je cite ce que j'ai pu enregistrer sur mon portable dans l'église.
Il commence par ces mots qui m'ont laissé perplexe : "La mort est triste mais la vie est belle. Et Dieu sait qu'il l'aimait effrontément.
Je pense à ma mère, je pense à mes enfants, à notre famille, à ses amis qui sont partis, à ceux qui restent, mais surtout, je pense à lui , l'enfant de la roulotte. Je revois ses parents, Pierre, Odette, qui ont gardé un oeil lointain sur leur petit Claudy, dont l'enfance a disparu mais qui reste l'homme qu'il est devenu, avec ses joies qui passent, ses chagrins qui restent.
Je me souviens de lui dans Georges Dandin, mis en scène par Planchon. J'avais vu l'homme et ses faiblesses. Il avait réussi à me faire oublier qu'il était mon père. C'est une noble part de l'éducation silencieuse qu'il m'a transmise
Tu disais que ta seule petite ambition serait de faire partie de la nostalgie de demain et je crois que nous tous ici nous avons déjà la nostalgie d'hier.
Merci papa, on t'aime."
Puis, Louis, petit-fils de Claude Brasseur vient au micro lire devant l'assemblée un poème de Jacques Prévert : Le Bonheur
Le bonheur, en partant, avait le coeur aussi serré que le mien, / Son sourire en bandoulière, il est parti vers d'autres chemins, / Rencontrer ses pairs au détour des larmes et des chagrins,/ Que versent pour un rien, tous ces pauvres humains./ Le bonheur, est parti, missionnaire, rallier d'autres fidèles,/ Il veut plaider sa cause et convertir tous les rebelles,/ Leur montrer à eux aussi, combien la vie est belle,/ Si on lui laisse assez de place pour l'orner de ses dentelles
Le bonheur, en partant, m'a fait un clin d'oeil,/ Je sais qu'il reviendra, je ne porte pas son deuil,/ Il ne fuit pas, il s'en va conquérant réparer d'autres écueils, /Pour me revenir encore plus grand, se reposer dans mes fauteuils.. / Le bonheur, en partant, ne me quitte pas vraiment./ Je sais que même de loin, il éveille mes sentiments,/ Il entend mes hésitations et m'oriente résolument et surement, / Le bonheur est une étoile qui me guide par tous les temps...
Ensuite le prêtre a prononcé l'homélie.
Il évoque "les blessures de l'enfance" de Claude qui dit avoir été délaissé par ses parents comédiens et ensuite a subi leur séparation.
J'ai retenu ceci quand il a souligné que Claude Brasseur avait une extraordinaire popularité en ajoutant ensuite : "Claude avait, vous me pardonnerez l'expression, comme un air de cocker".
Sublime cet Avé Maria chanté ensuite à capella qui résonne dans l'église.
Un dernier au revoir à la sortie de la cérémonie accompagné d'applaudissements comme le veut la tradition pour les personnalités.
Très étonnée de voir si peu de monde pour un si grand acteur. Jean-Paul Rouve, Nicole Calfan, Jean Benguigui, Danièle Thompson, Daniel Ruffo Jean-Marie Bigard, l'ancien pilote René Metge, étaient présents.
Quelques photos d'un ami Gérard Bressand
Au premier plan, Alexande Brasseur, sa mère Michèle Cambon-Brasseur et le Sénateur Christian Cambon, beau-frère de Claude Brasseur. En second plan, les petits-enfants de Claude Brasseur, Louis et Jeanne.