Comme tous les ans, je me rends devant le théâtre du Châtelet pour voir arriver acteurs et actrices pour la cérémonie des Césars.
Il est 18h quand j'arrive sur la place. Nous sommes fouillés par les CRS pour accéder à tous ces évènements qui amènent la foule.
Cette année le protocole n'est plus tout à fait le même qu'auparavant. Les photographes ne sont plus placés dans l'entrée du théâtre dos à la Seine, mais ils sont alignés tout le long de la façade. Et comme les voitures déposent les personnalités un peu avant l'entrée, elles foulent le tapis rouge plus longuement qu'auparavant.
Du coup il faut que je me place juste à l'arrivée des limousines côté Rivoli. Ce que je fais. Par chance, il y a encore un petit espace derrière la première barrière vauban (je viens d'apprendre que ces barrières s'appellent ainsi). Et cette année, il ne pleut pas.
Mon fils doit me rejoindre, mais dans une heure et demi, il travaille et ne peut pas être là avant. Dommage il va être derrière. Je vais quand même lui dire de prendre ma place, il fera de meilleures photos au premier rang, et moi du coup je me reposerai.
C'est vers 19h que les limousines commencent à arriver. Pour le moment, on ne retrouve pas beaucoup de comédiens, et pas les plus renommés. Les stars arrivent toujours après 19h30. Mon fils arrive aussi, mais ne veux pas pour le moment prendre ma place. Il se trouve à trois rangs derrière moi et doit tendre le bras pour pouvoir faire les photos.
Mais comme une personne près de moi s'en va, j'insiste pour que mon fils avance et je lui cède ma place. Appuyé sur la barrière qui l'aide à ne pas bouger, ses photos seront encore mieux.
Moi je vois un peu moins bien, pas grave, je profite mieux de la cérémonie; j'arrête de faire des photos. Je sais que je mettrai ses photos dans mon reportage, je les vois sur son écran et elles sont vraiment bien alors je me repose sur lui.
Dès 20h, les limousines commencent à affluer. Comédiens et comédiennes en descendent. Ils sont tous élégants, tenue de soirée oblige.
Le public scande leurs prénoms dès qu'ils sont reconnus, pour qu'ils se retournent vers nous. Certains jouent le jeu et saluent; c'est amusant, l'ambiance est sympa. Il faut faire vite pour les photos, en plusieurs rafales on espère au moins un bon plan.
Les actrices, en robes courtes ou longues plutôt sexy montrent leurs longues jambes grâce à leurs chaussures à talons. Elles n'hésitent pas malgré le froid à retirer leur manteaux, laissant voir souvent un décolleté avantageux.
Les acteurs portent le costume ou le smoking. Les cravates ou les noeuds papillon ressortent sur leur chemises blanches.
Devant nous, descendent des limousines:
Loubna Abidar, en costume pantalon noir sur chemise blanche,
Magnifique, l'arrivée de Déborah François en robe longue blanche avec volants retenus sur la poitrine en bustier corset,
Juliette Binoche en robe longue blanche sexy ,
Mélanie Laurent en robe longue noir sur bustier
Benoit Magimel, un de mes acteurs préférés
Karin Viard tout de noir vêtue
Cécile de France, robe longue bleue nuit
Elsa Zylberstein, très élégante dans sa longue robe blanche
La chanteuse, Christine and the Queens en costume à paillettes
Elle est belle Emmanuelle Béart dans sa longue robe rouge
Puis, celui qu'on attendait tous: Michael Douglas. Il va recevoir un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Souriant, il marque la pose grâce au public qui scande son prénom, il se retourne vers nous.
Il est 21h, le tapis rouge se vide, les photographes officiels de presse plient bagages.
Nous sommes étonnés car ni Vincent Lindon ni Catherine Deneuve ne sont arrivés.
Nous attendons encore un peu au cas où ils arriveraient en retard.
Ils sont tous shootés dans notre appareil photo que nous tenons précieusement.
Nous sommes ravis et prenons ensemble la direction de Saint Michel.
Paris la nuit, c'est magique, nous prenons encore des photos sur le chemin.
Je suis chez moi, il est minuit passé, et j'attends la fin du direct de la Nuit des César.
J'appelle mon fils, je veux savoir si les photos sont réussies.
Il me dit pour la première fois depuis qu'il travaille sur les évènements :
"Je suis dégoûté, j'avais fait au moins 200 photos, je n'en ai qu'une trentaine."
Un problème avec la carte mémoire, problème qui n'était pas détectable lors des prises de vues.
C'est pour cela que je n'insère que très peu de photos dans mon reportage.
Nous nous sommes investis sur cet évènement et malgré le peu de photos, j'avais quand même une grande envie de le faire.
Si j'avais su, je ne lui aurais jamais cédé ma place, et il y aurait eu au moins mes photos.
C'est le pire qui puisse arriver à un photographe.
Dommage, en plus Michael Douglas avait posé...