COPYRIGHT - PHOTOS FRANCINE SPITZ
Johnny Hallyday au Stade de France ou à Bercy, j'ai déjà vu, mais à l'Opéra Garnier, jamais.
Ce concert est donné pour une bonne cause : au profit de la recherche contre le cancer.
Alors quand je prends connaissance de cette information, je me précipite sur internet dès l'ouverture de la réservation. Et me voilà avec une place, au premier rang d'une loge côté jardin.
Dimanche 10 juillet, c'est aussi la finale de l'euro de football, France-Portugal.
Bizarre, à chaque fois que vais à un concert pendant l'euro de foot, il y a toujours la France qui joue. Jeudi 7 juillet, c'était France-Allemagne, et j'étais au concert de Céline Dion (cf mon reportage).
Dimanche 10 juillet, il est 19h30 quand je prends le train direction Paris. Sur le quai à Meudon, l'ambiance est sympa, des jeunes drapés du drapeau français, le visage peint en bleu blanc rouge, rient et chantent. Le train se vide à la station Javel. Tous les supporters en sont descendus pour se rendre sur le Champs de Mars, là ou le match est retransmis en direct sur grands écrans face à la Tour Eiffel.
Je descends à mon tour à la station Musée d'Orsay. Je compte aller à pied jusqu'à Opéra en empruntant la passerelle Solférino qui enjambe la Seine. Je traverser le jardin des Tuileries et la place Vendôme. Il fait beau et chaud ce dimanche, ce qui rend mon parcours encore plus agréable.
J'arrive juste pour le spectacle de Johnny, le temps d'emprunter la grand escalier qui m'amène à ma loge.
En effet, un discours de l'association "Vaincre le cancer" prend fin et du coup je ne l'ai pas entendu puisque je suis arrivée un peu en retard sur l'horaire prévu...
Ma place est déjà occupée par un spectateur, mais j'arrive à la récupérer. Je suis bien placée, au premier rang de cette loge qui comprend six personnes, à gauche de la scène que je surplombe.
Je lève les yeux pour admirer le magnifique plafond de l'Opéra Garnier.
Le Palais Garnier s'éteint. Sur la scène complètement noire, les musiciens qui se sont déjà placés, commencent à jouer. Des flash de lumières crépitent au rythme de la musique. C'est au bout de deux minutes que Johnny rentre en scène sur les applaudissements et les cris du public qui est debout.
Il pose un regard tout en faisant un signe de la main sur la loge à sa gauche; des amis surement y sont installés. (J'ai su plus tard qu'il y avait Laetitia)
La scène s'allume et nous laisse voir tout l'orchestre. Johnny nous salue tout en tapant dans ses mains, accompagné par les guitares, trompettes, saxo, batterie... pour sa première chanson, "Rester vivant", extrait du dernier album.
Tous le public de l'Opéra Garnier est debout, les bras levés, et bouge au son de la musique. De nombreux portables sont allumés: les vidéos et photos s'enchainent pour immortaliser ce moment. Ce n'est pas banal de voir Johnny Hallyday se produire à l'Opéra Garnier.
Tout en chantant, Johnny se déplace et va serrer les mains de ses fans debout devant la scène. Puis il enchaine avec "O Carole".
.
Mais pendant ce temps, devant la scène, les fans sont restés debout pour accompagner le chanteur. Et là, incroyable, une bagarre se déclenche! Une bagarre à l'Opéra! Cela aurait très bien pu arriver un jour, mais quand-même pas ici... Je suppose que les spectateurs assis et qui paient une place à 850 euros ce soir là (au profit de la lutte contre le cancer) n'ont pas envie de ne rien voir. La sécurité arrive et arrive à calmer les choses au bout de quelques minutes.
Johnny fait semblant de ne rien voir (il porte des lunettes de soleil ;-)) et continu de chanter. Mais les fans resteront pourtant debout durant tout le concert.
Puis Johnny s'adresse au public et nous raconte une petite anecdote:
"Je suis sure que la plupart de vous ne le savaient pas, je suis quelqu'un de très sensible et ce soir ça remue beaucoup de souvenir dans mon coeur cet opéra Garnier. Cela fait 60 ans, j'avais 12 ans et j'étais petit rat ici à l'Opéra. Invraisemblable, et oui, j'étais danseur, j'étais sous la direction de Serge Lifar et j'étais petit rat à l'Opéra de Paris. Bon, c'était pour la petite histoire. Maintenant on va continuer avec vous" nous lance-t-il.
Et il enchaine ses tubes d'hier comme "Noir c'est noir", "le Pénitencier" "L'idole des jeunes".
Requiem pour un fou / J'ai pleuré sur ma guitare / Oh ! ma jolie Sarah / Quelque chose de Tennessee / Je te promets / Gabrielle / l'Envie /
La soirée devient très rock and roll. Quand il chante "Le bon temps du Rock'n Roll, la salle s'allume pour mieux nous faire participer. Et arrive évidemment "Allumer le feu".
Johnny est très proche de son public: sa chanson terminée, il va presque à chaque fois vers ses fans debout devant la scène. Il arpente la scène d'un bout à l'autre en s'attardant pour leurs parler, serrer les mains tendues et faire des checks.
Puis l'harmoniciste "Greg Zlap" entre en scène et nous offre un immense solo d'harmonica.
Johnny sort un moment de scène.
Il laisse la place aux choristes et aux cuivres qui nous offrent un bon moment de musique...
Johnny sait aussi mettre en valeur ses musiciens. On assiste a de beaux solos de guitare, saxo, harmonica...
Puis Johnny se tourne vers la loge du balcon, (celle où il avait fait un signe lors de son entrée sur scène) et lance : "ma femme est là, cette chanson elle est pour toi".
Laetitia apparait vêtue d'une longue robe rouge. Elle lui envoie un baiser, et prend son mari en photo avec son smartphone.
Johnny la regarde et entame "Derrière l'Amour", une de mes chansons préférées.
Cette chanson mise en scène me fait penser à Roméo et Juliette: émouvant quand il se tourne vers elle en chantant.
Donne-moi, donne-moi ton corps / Pour y vivre et pour y mourir / Aime-moi, aime-moi plus fort / Empêche-moi de me détruire
Il finit par "Toute la musique que j'aime"; la salle est debout.
Ce concert de Johnny à l'Opéra Garnier était très chaleureux, très intime. Il était proche de son public.
Le lieu était magique, avec ses fauteuils en velours rouge, ses lustres de cristal, ses décors dorés et le splendide plafond peint par Chagall.
Je quitte avec regret ma loge, et tout en empruntant le grand escalier j'assiste à une scène insolite: Un homme chante a capela une des chansons de Johnny, "Que je t'aime", du haut des marches. Il chante bien et est applaudi par les derniers spectateurs qui le croisent.
Dehors, face aux marches de l'Opéra, un guitariste seul joue assis sur sa chaise. Ca contraste avec le spectacle que je viens de vivre...
.
Je comprends que la France n'a toujours pas marqué de but, Johnny l'aurait signalé lors de son concert. Je contourne l'Opéra et je croise le bar extérieur ou sont agglutinés des clients face a un écran improvisé qui retransmet le match France Portugal.
Le match n'est donc pas fini, il y a une prolongation, me dit-on.
Il est près de 23h, je préfère m'avancer jusqu'à mon RER que je compte prendre à Musée d'Orsay. J'y vais à pied. Il fait encore bon et les rues sont calmes; les gens sont plutôt aux terrasses des cafés, scrutant les TV.
Je traverse la passerelle Solférino et je vois le restaurant "le Quai" sur la Seine. Le match y est diffusé aussi; les supporters regardent du quai le petit écran qui a été placé.
J'arrive devant, je n'ai rien vu du match, et là je vois le seul but qui donne la victoire de l'euro 2016 au Portugal. Le but que j'aurai aimé ne jamais voir.
Je n'entends plus de bruit, juste deux ou trois cris de joie, surement des portugais. La déception immense qui envahit le public se voit sur le visage des supporters qui quittent le lieux sans un mot, tête basse. J'ai moi-même des larmes qui coulent.
Je descends le grand escalator qui m'amène au quai du RER.
Je préfère repenser à mon concert.
COPYRIGHT - PHOTOS FRANCINE SPITZ