COPYRIGHT - PHOTOS FRANCINE SPITZ
Il faisait très beau et chaud ce samedi 12 septembre à Cannes. Mais cette fois-ci je ne serai pas à la plage à cause d'Annie Cordy. Ses obsèques vont se dérouler sur la Butte Saint-Cassien à Cannes-la-Bocca et je ne veux pas rater cet hommage à cette très grande dame du music-hall que j'appréciais énormément.
La Butte Saint-Cassien, un endroit inconnu pour moi que je vais découvrir, tout contre le petit aéroport d'affaires de Cannes-Mandelieu. D'où je suis, j'ai juste un Palm-Bus à prendre pour Cannes la Bocca.
Il est 14h15 quand je descend du bus. La cérémonie est programmée pour 15h. Je croise une maquette d'avion juste avant d'emprunter la montée de la butte. Je suis seule ou presque, mais par contre il y a beaucoup de policiers et même un hélicoptère qui survole le site. Je n'échappe pas à la fouille des sacs et au port du masque obligatoire.
Me voici dans l'allée qui monte pour atteindre le plateau. Je suis toujours seule, je ne croise que des arbres de chaque côté, des chênes et des cyprès. Tout est calme. J'aperçois sur ma gauche une petite chapelle et face à moi enfin des personnes qui s'affairent pour accueillir les invités et le public.
Après être passée sous un porche j'avance sur le lieu où va se dérouler la cérémonie. Beaucoup de personnes sont déjà installées sur des chaises de chaque côté d'une allée bordée de fleurs à même le sol.
De chaque côté de la scène, se dressent deux grands portraits d'Annie Cordy. Sur ma gauche la sono et des tables de mixage devant la chapelle. Plus loin Je retrouve un couple d'amis présent aussi. Mais je ne reste pas là, je retourne à l'entrée pour voir les personnalités qui commencent à arriver.
Parmi les personnalités qui arrivent :
Le cercueil arrive accompagné d'une chanson d'Annie Cordy qui me fait monter des larmes. "Trois notes de musique"
"Moi, je ne fais que des chansons / Je ne donne pas de leçon / La vie s'en charge bien toute seule / Des coups de pied, des coups de gueule / Je suis un petit tourbillon / Je vends du rêve et des bonbons / Et je les fais à ma façon / Mes tours et mes révolutions /
Trois notes de musique et Annie vous emmène / Et elle vous invite à partager la scène / Trois notes et quelques mots, elle vous fait oublier / Les chagrins, les sanglots et puis vous repartez.."
Sa nièce Michèle Lebon prend la parole la première
" Nous sommes tous là réunis en plein air, tu adorais le plein air. Là-bas ailleurs un peu partout tous réunis dans un magnifique égrégore d'amour. Nous ne t'oublierons pas et nous sommes très nombreux. Tu vivras chacun de mes pas chacun de mes actes j'espère être digne de ta grandeur d'âme."
Puis retentit cette chanson que je ne connaissais pas, très belle mais trop triste, évoque la mort. "Si Dieu existe" de Claude Dubois interprétée par Annie Cordy
"Personne / Il n'y a plus personne / Mon âme qui s'affole / En prenant son envol / Me laisse inanimé.."
Emmanuelle Guilcher prend la parole
Fan du 1er jour d'Annie Cordy, elle est la Directrice adjointe de la programmation de FR2. Elle l'a connue toute petite et elle ne l'a pas quittée de toute sa vie.
J'avais un enthousiasme débordant pour ta "Bonne du curé", "Tata Yoyo", "Frida oum papa". Avec le recul je crois que ces chansons m'ont beaucoup aidée beaucoup à traverser les tourments de l'adolescence, cet âge où l'on se cherche et où l'on a envie de croire que "Ca ira mieux demain" et de chanter "Hello le soleil brille" pour se donner du courage.
Je suis sûre que là d'où tu es nous fredonnerons longtemps avec toi tes chansons et que tu nous enverras de ta bonne humeur depuis les étoiles. Chapeau "Dolly"
On entend Annie Cordy fredonnant la chanson "Hello Dolly"
Claude Lemesle, ancien Président de la Sacem et ancien parolier d'Annie Cordy, grand compositeur ; il écrit beaucoup pour les chanteurs ; on entendra "JE VEUX" après son discours. Je cite un extrait de son discours.
"Il y avait dans ton répertoire toutes les couleurs de la vie dans ce que tu chantais et toutes ces couleurs brillaient dans ton manteau d'arlequin.
Il y avait du cirque, pas seulement le nez, la démarche du clown quelquefois. Tu étais aussi un funambule sur le fil de nos fragilité, tu étais une jongleuse d'émotions. Ton talent était tellement divers et varié et c'est cette diversité de la vie que tu as vraiment illustrée comme personne. Tu avais beaucoup de générosité, tu donnais avec pudeur mais avec ferveur. Toi aussi tu as été en but quelquefois au mépris des beaux esprits mais tu étais trop intelligente pour ignorer que le mépris ne salit que celui qui l'exerce et tu avais toujours cette bonté d'âme qui veut dire aussi pardon."
A la fin de son discours il nous cite une petite phrase de la chanson qu'on va entendre où elle dit : "Je veux à chaque seconde faire un tour du monde". et il conclut par ces mots "tu avais cette amour pour la vie, cette ambition de vivre pour les autres qui ne t'as jamais quittée en vrai pro, en vrai passionnée, en vrai amoureuse des gens
On entend cette chanson "Je veux" qu'il a écrite sur mesure pour Annie Cordy.
"Je veux / que mes jours se lèvent / Sur bien plus de rêves / que de souvenirs / Je veux / vingt fois plutôt qu'une / danser sur la lune / et en revenir / Je veux / faire des overdoses / de rires et de choses / bien pires.
DAVID ALEXIS. Comédien, chanteur et metteur en scène. Fan d'Annie dès ses 9 ans, ils partageaient ensemble une grande tendresse. Elle est à l'origine de sa vocation, il voulait tout faire comme elle. Un extrait de son discours.
"Aujourd'hui, comme tant d'autres mes yeux se rougissent un peu mais se remplissent de joie et de fierté d'avoir croisé ton chemin, d'avoir croisé ta vie. Quelle précieuse chance.
Tu vas nous manquer Annie, mais tous nos coeurs sont éternellement embaumés de toi. Tu vas me manquer Annie mais tu seras toujours là car au bout du compte ne meurent que les gens que l'on oublie.
J'entends déjà ton claquement de doigt, on y va. Je vois d'ici sous ton chapeau claque ton clin d'oeil vif et souriant qui se confond avec les lueurs arc-en-ciel du tapis d'or qu'on va te déployer là-haut à l'autre bout du ciel. Tout est prêt maintenant Annie, alors danse, danse. Vas y Annie, chante leur toute ta joie, fait des claquettes sur les nuages, fait des pirouettes, fait tourner ton nez rouge et joue leur la plus belle des comédies musicales. CHANTE, CHANTE.
Annie Cordy chante "La machine à chanter". Je suis une subitiste : Je fais tout subitement / Sans y penser une seconde avant / Quand je vois à l'improviste / Un garçon très séduisant / Je sens mon oeil cligner subitement
Ils sont quatre humoristes belges à monter sur scène. Les frères Taloche, Vincent et Bruno, Alain Leempoel et Virginie Hocq. Ils prennent la parole à tour de rôle, un petit extrait :
"Nous sommes belges mais c'est pas le seul point commun avec Annie nous sommes tous les quatre des artistes et nous avons eu une grande chance de pouvoir travailler avec elle. Annie a été précurseur des artistes belges en France en revendiquant sa nationalité haut et fort. Elle a ainsi ouvert aux artistes des générations suivantes, aux belges, aujourd'hui aimés et reconnus en France.
Virginie Hocq " Ce que tout le monde connaît d'Annie c'est son sourire, sa joie de vivre et elle n'était pas différente dans le travail si ce n'est qu'elle ajoutait sa rigueur, son autorité amicale".
Alain cite une anecdote."A Bruxelles, ils répétaient une pièce où elle jouait une retraitée et sa tenue de scène était un pyjama à carreaux et des charentaises, la tenue d'exception pour elle, un bonheur absolu et à la pose elle allait promener les chiens mais dans la même tenue. Nous lui avions signalé qu'elle partait dans les rues de Bruxelles en pyjama et charentaises". "Mais je m'en fiche" répondait-t-elle.
A la fin de leurs discours on entend Annie Cordy chanter "Si j'étais le soleil / J'irais cueillir / Dans tous les arcs-en-ciel / Des roses roses / Et je les offrirais / Au monde entier / Si j'étais le soleil / Le bleu du ciel / Serait toujours pareil / Chacun sur terre / Aurait au fond du cœur / Un grand bonheur
Le Maire tient à saluer ses collègues du Cannet et de Valauris ici présents. Il évoque ses souvenirs avec Annie Cordy, nous précise qu'elle a tenu un restaurant sur le Port Canto à Cannes
"J'ai le privilège de vous accueillir toutes et tous sur cette Butte Saint-Cassien avec cette chapelle là ou est né Cannes qui est chargé d'âme. Notre ville est notre bâton de vie qui a des racines françaises, qui est enracinée en Provence, est ouverte sur le monde et qui est un village mondial."
"Nous honorons une artiste qui a égayé le monde entier. Elle était chanteuse, joueuse, rieuse, danseuse".
Et il nous parle d'un souvenir que sa mère lui a raconté : "Ma mère était danseuse étoile, dans les années 50, et elle l'a fait danser sur une comédie musicale avec Georges Guétary, qui est inhumé aussi à Cannes, et cette comédie musicale s'intitule "La route fleurie", et ça commence ainsi : Prenons la route fleurie vers le bonheur. Et Annie Cordy d'où elle est sur cette route fleurie comme ici sur un chemin fleuri et nous on doit suivre ça ici au présent dans une époque tellement violente, tellement contrastée, avec tant de forces centrifuges qui font mal, sachant voir la route fleurie il ne tient qu'à nous de la vivre et de la partager".
"Les jours de la s'maine / Et tous les week ends / Sur toutes les scènes / J'existe / Je fais des claquettes / Je fais des pirouettes / Et des galipettes / En piste / Un jour j'ai choisi / Le rire à tout prix / Et j'ai toujours pris / Mes risques / Je fais de mon mieux / Mes sauts périlleux / Je suis dans vos yeux / L'artiste"
Un très bel hommage en chansons, dans un écrin de verdure et sous un ciel bleu azur.