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Trois complices depuis les années 60, ensemble sur scène en 2014: Eddy Michell, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc
Je ne m'étais pas pris de place pour ce concert. Trop cher.
Mais deux jours avant, j'ai eu la bonne idée d'aller sur le site "Ventes Privées", et là j'ai vu que les places restantes pour le dernier jour étaient à -51%.
J'obtiens une place à l'orchestre pour 90 euros, au lieu de 200 euros.
Il est près de 20h30 lorsque j'arrive au Palais Omnisport de Bercy. J'ai du mal à le reconnaitre; j'avais oublié qu'il était en travaux; on se croirait sur un chantier. Je dois le contourner pour arriver à l'entrée conduisant à l'orchestre. Encore un barrage "sécurité" à franchir où on me demande de retirer le bouchon de ma petite bouteille d'eau; dommage, je ne l'avais pas bien cachée.
J'entre maintenant à l'intérieur de l'arène. Je jette un coup d'oeil circulaire depuis le bas de la salle. Je suis saisie par une atmosphère bruyante et chaleureuse. Rang 57, siège 12: me voici à ma place, à l'orchestre. Je suis vers le fond mais la fosse remplie de sièges est bien pensée. Elle est haute au fond et descend en pente douce jusqu'à la scène. Je verrai bien mais je verrai tout petit... Il y a bien deux grands écrans de chaque côté, mais voir le concert sur un écran... autant rester chez soi devant sa TV.
Pour le moment, la première place est libre au début de la rangée, je m'y mets car au bord de l'allée je vois mieux la scène. Le décor est assez restreint: je vois un piano, une batterie, des guitares, un canapé et même un bar sont installés. J'entends des applaudissements retentir sur ma gauche, certainement des personnalités que le public a reconnu.
Et zut, un couple arrive, je dois me replacer au milieu du rang, pas de chance, j'essaye de trouver un espace entre les deux têtes qui sont devant moi.
Le spectacle va commencer; la salle s'éteint.
Pas d'arrivée extraordinaire. Les trois chanteurs se tiennent par la main, en passant par la porte illuminée sur la scène
Evidemment, tonnerre d'applaudissements pour leur arrivée. Tous les trois ont revêtu un costume noir.
Je peux distinguer tout un big-band les accompagnant: une douzaine de musiciens, avec beaucoup de cuivres.
Les premières notes de musique raisonnent et je reconnais une chanson de Jacques Dutronc des années 60, "Les playboys" chantée en trio.
Puis ils enchaînent avec "Noir c'est noir", succès de Johnny de la même époque.
Les tubes défilent les uns après les autres, chantés en duo, en trio et aussi en solo.
"Et moi, et moi, et moi", "Les cactus", "Il est 5h Paris s'éveille", "Allumer le feu", "J'ai oublié de vivre", "C'est un rocker", "Sur la route de Memphis", "Pas de boogie woogie", "le cimetière des éléphants"
Du répertoire de Dutronc: "Il est 5 h Paris s'éveille" est une de mes préférées :
"Je suis le dauphin de la place Dauphine / Et la place Blanche a mauvaise mine / Les camions sont pleins de lait / Les balayeurs sont pleins de balais / Il est cinq heures / Paris se lève / Il est cinq heures / je n'ai pas sommeil"
Je suis assez loin donc les chanteurs semblent tout petits, et je dois regarder sur les écrans pour mieux voir ; c'est assez frustrant.
Mais à un moment, je vois des gens qui se placent subitement debout devant la scène.
Mais est-on vraiment autorisé à rester debout devant le public assis dans le carré or (et qui a payé sa place 250 euros)? C'est la question que je me pose, alors j'attends quelques instants avant de finalement aller les rejoindre.
C'est bon j'y suis, j'en reviens pas.
J'entends des spectateurs assis derrière qui se plaignent, mais pas mal de gens sont maintenant debouts.
Mais c'est bon, Johnny lui même demande de l'ambiance; je sais que pour ça, les chanteurs préfèrent qu'on soit debout! En plus je suis vraiment sur le côté.
Je vais enfin pouvoir faire de meilleures photos.
Ils sortent quelques anecdotes, dont deux que j'ai retenues:
Johnny regarde Jacques et lui dit : "Tu te rappelles la fois où je t'avais invité chez moi et je t'avais dit: "il faut que je m'absente, j'en ai pas pour trop longtemps, fais comme chez toi" et quand je suis revenu, tu avais déjà vidé 2 bouteilles de vin. Je sais que tu aimais bien aller dans ma cave."
Eddy Mitchell rappelle à Johnny que lorsqu'il était jeune il lui piquait ses disques, surtout un de "Gene Vincent" . Et Johnny de lui faire remarquer: "oui mais je te les ai rendus depuis".
Ensuite, le duo Dutronc-Johnny chante un magnifique "Quelque chose de Tennessee".
Une chanson des plus populaires d'Eddy Mitchell raisonne dans Bercy, une de mes préférées : "Couleur menthe à l'eau". Elle était maquillée / Comme une star de ciné / Elle semblait bien dans sa peau / Ses yeux couleur menthe à l'eau / Et moi je n'en pouvais plus / Bien sûr elle ne m'a pas vu / Perdue dans sa mégalo / Moi j'étais de trop. Puis plus tard une autre chanson qui fait partie de mes préférées d'Eddy : "Il y a toujours un coin qui me rappelle"
Johnny s'applique à montrer quelques pas de danse à Jacques Dutronc, mais Jacques reste plutôt nonchalent...
Le trio sort quelques instants de la scène et revient avec le look "blousons noirs".
Johnny chante en solo : "Les portes du pénitencier / bientôt vont se fermer / et c'est la que je finirai ma vie / comme d'autres gars l'ont finie."
Les tubes s'alignent; le public reprend "Les gens m'appellent l'idole des jeunes".
Il en est même qui m'envient / Mais ils ne savent pas dans la vie / Que parfois je m'ennuie."
Puis "Excuse moi partenaire" / De venir à toi / C'est avec ma fille / Que tu danses là"
Ces chansons me rendent nostalgique car j'ai flirté sur certaines d'entre elles.
Puis ils se mettent à twister sur "Viens danser le twist", rappelant cette nouvelle danse des années 60.
Une chanson de Johnny qui fait partie de mes préférées "J'ai oublié de vivre" raisonne dans le POPB
Tout Bercy est debout pour : "Toute la musique que j'aime" et "Gabrielle".
La chanson que chantait Serge Gainsbourg "Vieilles Canailles" est également reprise en trio.
Les musiciens sont comme toujours excellents; un habitué des concerts de Johnny est présent: l'harmoniciste Greg Zlap
Le guitariste de Johnny, Yarol Poupaud (nouveau juré de la Nouvelle Star), traverse la scène de gauche à droite tout en jouant de la guitare puis s'arrête juste devant moi et fait un solo comme un guitar-hero
Le concert est terminé. Je reste encore un instant devant cette scène toujours remplie des instruments laissés par les roadies qui vont venir les débrancher.
Puis je me retourne et je vois Bercy se vider lentement, dans le calme, comme pour rester encore un peu dans l'atmosphère de cette soirée si chaleureuse avant de retrouver la rue et le métro.
Je croise des techniciens qui commencent à détacher les sièges de la grande estrade.
Je pars presque la dernière; je remonte tranquillement tout l'orchestre en pensant à cette magnifique dernière soirée des "Vieilles Canailles" à Bercy, avec ces chansons qui ont bercé mon adolescence durant les années 60.
Mais je dois avouer que je préfère les concerts de Johnny seul sur scène...